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l'heure des loups
9 juin 2011

L’esprit de la forêt

loups-b004

L’esprit de la forêt. Arbres dans la forêt amazonienne, Brésil 2004

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Commentaires
D
Au lever de brume, j'ai paré ma robe de lune, survolé les dunes à la recherche de la plume<br /> <br /> <br /> <br /> K-rol
E
Je vous invite sur mon site www.emily-gemmes.fr pour retrouver mes textes.
L
Le calme plat<br /> Le silence opaque<br /> Des murmures qui soupirent<br /> La nuit qu'on veut retenir<br /> Quand l'aube tire vers le gris<br /> Qu'elle s'extirpe sans bruit<br /> Garder encore un peu le flou des rêves et puis<br /> Lentement refermer ses yeux<br /> Sentir encore l'obscurité<br /> Devant et derrière ses paupières<br /> Revenir en arrière<br /> Repousser le matin<br /> Rebrousser chemin<br /> Oublier les contours, les formes et les couleurs<br /> Dormir, dormir encore, juste quelques heures<br /> Lorsque tout devient lumineux...<br /> <br /> Lentement refermer ses yeux<br /> <br /> Luciole, auteure/diseuse/chanteuse, Paris
M
Le vieux et le gamin<br /> <br /> La lune est absente ce soir. <br /> Le jour fait traîner sa chaleur et son humidité sur la nuit. <br /> La cascade est ailleurs, mais elle est tellement vertigineuse qu’elle déferle sur l’obscurité. L’obscurité, bruyante des hiboux et des chouettes, des chauves-souris, des grenouilles de l’arbre-arlequin, des serpents de l’arbre du paradis, des quelques orangs-outans qu’il reste et qui crient... <br /> Ile de Bornéo en pleine jungle. <br /> Sur la ligne de l’équateur, dans un arbre tropical géant, à mi-hauteur, une maison en bois sans fenêtres, avec un toit en feuilles de cocotier. <br /> Sur la terrasse perchée de la maison, une lampe à huile de palme posée par terre éclaire la nuit de sa timide lueur. Des centaines d’insectes tournoient comme des satellites autour de la flamme : des papillons de nuit gigantesques, des papillons chouettes, des éphémères, des mites, des écailles-martres, des paons-de-nuit, des moustiques. Les phasmes, extraordinairement grands, attirés par la lumière, mais quelque peu craintifs, se camouflent dans l’arbre avec les papillons-feuilles, les caméléons, les chenilles et les araignées poilues, pour observer la scène qui se déroule sur la terrasse…<br /> — Regarde, j’ai réussi à l’attraper ! s’écrie le gamin tout excité en ouvrant doucement ses petites mains. <br /> Le vieux se penche, regarde dans le creux des petites mains, et sourit au gamin. <br /> C’est un papillon tout bleu. Bleu comme les Maldives quand elles existaient encore. <br /> Puis, le gamin laisse s’évader l’insecte vers sa liberté. <br /> Ensuite, il se rallonge sur le ventre sur sa paillasse et, accoudé en tenant sa tête de petit garçon gentil entre ses mains, il se remet à observer le tourbillonnement des insectes satellites autour de la lanterne. Il les connaît tous. <br /> Le vieux lui, est assis en tailleur en face du gamin, sur une paillasse aussi, et roule une cigarette avec de la feuille de bananier séchée. Le vieux est robuste comme le bois précieux, avec une longue barbe toute blanche qui descend jusque son nombril. Avec de longs cheveux tout blancs qui descendent jusque ses reins. Il aime passer sa main sur sa barbe douce, comme s’il la coiffait. <br /> Il allume sa clope avec la lampe à huile de palme et jette un œil interrogateur vers le lointain. <br /> Le gamin regarde vers l’endroit où regarde le vieux et lui demande : <br /> — Tu crois vraiment qu’elles vont venir ce soir ? <br /> — J’en suis sûr, répond le vieux. Faut être patient. <br /> — Comment tu peux en être si sûr ? dit le gamin en tournant la tête vers le vieux et en se mettant à cogner doucement ses pieds l’un après l’autre sur le bois de la terrasse. <br /> — Elles me l’ont dit hier, répond le vieux en coiffant sa barbe douce, en regardant le gamin avec malice. <br /> — Pfff ! Tu dis n’importe quoi encore… Elles ont pas pu te le dire. Elles parlent pas ! <br /> — Comment tu le sais qu’elles parlent pas ? demande le vieux. Tu sais pas tout sur l’univers, mon Moustique. <br /> — Je suis pas ton Moustique ! répond le gamin en râlant. Et d’abord je suis pas un moustique je t’ai déjà dit ! <br /> Puis, il pose sa tête sur la paillasse, le visage tourné pour que le vieux ne voie plus que ses cheveux. <br /> — Tu voudrais être quoi alors ? demande le vieux, curieux. À tous les coups t’as encore changé, tu veux plus être une abeille j’suis sûr. <br /> — Je te le dirais pas, répond le gamin sans se retourner. D’façon, si je serais un moustique, je viendrais te piquer et t’auras le palu. Voilà. <br /> Le vieux caresse sa barbe blanche toute douce en regardant la lueur de la lampe qui joue avec les ombres de son visage, puis il dit :<br /> — Tu sais bien que ça n’existe plus le palu. <br /> Il regarde le gamin. <br /> Le gamin ne bouge pas. <br /> — Allez, fais pas la tête ! dit le vieux en regardant les cheveux du gamin. <br /> Puis, sur un ton malicieux : <br /> — T’es fatigué ou bien ?<br /> Le gamin se retourne et dit, les yeux cernés : <br /> — Non je suis pas fatigué ! Mais t’avais qu’à me réveiller quand elles sont venues hier soir ! Maintenant la nuit elle est bientôt finie et elles vont plus venir, c’est sûr. D’façon, je te crois pas qu’elles sont venues hier. Tu racontes tout le temps des histoires qui sont même pas vraies. Je te signale qu’elles ont disparu depuis longtemps de la Terre. Pour un découvreur d’insectes, tu ferais mieux de te mettre au courant. D’façon, je veux même plus faire comme toi. Je veux plus être découvreur d’insectes. <br /> Puis, il se tourne et se met sur le flanc, recroquevillé le plus possible contre son cœur. <br /> Le vieux découvreur d’insectes aspire sa clope. <br /> — Je voulais pas te réveiller hier, dit-il. C’est pas facile tu sais de… <br /> Il regarde le dos rond du gamin et baisse les yeux vers la lanterne. <br /> — Elles vont revenir, t’inquiète pas, dit-il. J’ai même vu des nymphes tu sais, dit-il aux cheveux du gamin. <br /> Et, à nouveau à la lanterne : <br /> — Elles ont peut-être pas disparu, ça se peut. Faut être patient. Pas comme les moustiques qui se jettent à corps perdu sur la peau. Faut être patient comme un papillon qui….<br /> — … grandit lentement dans son cocon. Oui, je le sais, tu me l’as dit des millions de fois déjà, dit le gamin sur un ton las et impatient. Moi je veux pas être un papillon d’façon. <br /> — Je le sais, soupire le vieux en coiffant sa barbe toute douce. Tu me l’as dit des millions de fois déjà. <br /> Il écrase ses doutes et ses craintes dans le cendrier avec la cigarette. <br /> Le gamin, recroquevillé contre son cœur, s’éloigne vers le pays de ses rêves.<br /> Alors, le vieux regarde la nuit passer sur les ailes des insectes satellites. <br /> Le temps passe et rien ne se passe comme le vieux découvreur d’insectes l’aurait voulu. <br /> Il est déçu de voir la fin de la nuit s’approcher.<br /> Quand soudain, la lumière verte s’allume dans le lointain par delà les arbres. Une lumière d’un vert émeraude éclatant. <br /> La lumière s’approche vite.<br /> Les animaux volants s’envolent pour fuir : les lézards, les grenouilles, les lémurs, les écureuils roux géants, les serpents planeurs…<br /> Les orangs-outans crient. <br /> Le vieux se lève rapidement, se frotte les yeux pour vérifier qu’il ne rêve pas. <br /> Il s’agenouille, secoue le gamin et lui crie, fou de joie :<br /> — Réveille-toi ! Réveille-toi ! Regarde ! J’avais raison ! Regarde, elles arrivent ! Tu vois, j’avais raison, elles ont pas disparu ! Elles sont des milliaaaaards !<br /> Le gamin se réveille, s’assoit, et ses yeux s’ouvrent vite en grand en voyant la lumière verte comme l’émeraude. <br /> Puis il dit :<br /> — Ooooh ! Qu’est-ce que c’est beau ! Elles sont vertes comme un laser. Elles sont troooop belles. <br /> Alors il se tourne vers le vieux découvreur d’insectes, lui fait un grand sourire avec ses yeux brillants comme un laser, et lui dit :<br /> — Elles sont trop belles ! C’était vrai alors ! D’façon je vais te le dire maintenant. Si je serais un insecte, c’est ça que je voudrais être. Comme elles, je veux être une luciole !<br /> <br /> Emily Gemmes, écrivain
M
Depuis longtemps cris d’enfants, grincements et tintements ont fait la part belle au silence. Appuyée sur un mur encore chaud, je m’embarque pour ce petit coin de ciel mourant. Le voyage me semble long. Profitant de la trêve, les loups de la nuit paradent avec arrogance. Dans une feinte indifférence, je laisse défiler la peur et le regret, les douleurs et les échecs, les erreurs et les remords. Sans honte, sans chagrin, sans bagages, franchir les montagnes de ma vie, me poser quelque part, fermer les yeux et rêver à la lumière de demain. Garder la rage, l’envie, vivre, me battre pour transformer chaque jour en matin. Plaquée sur la pierre irrégulière, je m’emplis les poumons pour sentir, là entre mes reins et mes seins, mon cœur survivant.<br /> <br /> Murielle, Paris
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  • Exposition "participative" ou le public est invite a écrire ce que lui evoquent les photographies de l'exposition, et d'autre part, a regarder différemment la même image en fonction des textes qui l accompagnent.
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