Le mensonge de la belle Américaine

Le mensonge de la belle Américaine. Pour la plupart des voyageurs, c’est une « belle Américaine ». Pour les Portenos, c’est le symbole de la répression, les voitures vertes de la police de l’ancienne Dictature. Buenos Aires, Argentine, 2005

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[Pascal Meynieux]

Tuxedo Moon

Il avait toujours rêvé d’avoir une vieille américaine, comme on en voit encore aujourd’hui dans les rues de Cuba.

Couleur indéterminée, modèle quelconque, mais le plaisir de la garer en bas de chez elle et faire ronfler le moteur dans les vapeurs délétères du crépuscule, sous la lumière amniotique des réverbères.

Puis en descendre comme un boxeur qui sort des vestiaires pour monter sur le ring : Weston fauves, Tuxedo brun, look sharp jusqu’au bout des ongles, aiguisé comme un couteau … et gratter une allumette sous la semelle pour allumer une Lucky sans filtre en la regardant monter les escaliers.

« Tu m’invites ? »

Mèche brune, regard de braise, une bouche à damner son marchand de fraises et une voix, une voix, une voix … entre le rauque intime et les feulements du tigre.

« Non. »

Pascal Meynieux, Paris

[Philippe Edouard]

Il fait ça à toutes les voitures, toutes les femmes. Il tombe d'abord sur un hôtel puis en panne sèche et toujours à l'heure des loups. Elle voudrait du gaz oil. Ou s'enfuir. Il voudrait l'épouser ou la tuer. C'est pareil. Mais ils parlent du beau temps et d'une belle lumière. Il cherche un prétexte joliment flou pour la retenir. Mais elle veut du gaz oil ou s'enfuir.

Philippe Edouard, Has been, Anger, Maine-et-Loire